lundi 29 mars 2010

L'OSM et mon front de boeuf

Ce dernier dimanche s'annonçait tranquille. Un peu de lecture, musique de fond pour ne pas entendre une voisine qui a une haine profonde des murs. Bref, un dimanche presque tranquille.

On frappe à ma porte, et tombé de la main d'un autre voisin, un billet de concert pour l'OSM. Je regarde la date, c'est le jour même, à 14h30, et il est 10h30. Comment résister ?

Je regarde dans ma garde-robe, et je trouve des vêtements présentables à porter. Je me pose la question: L'OSM ou la Woisine tapocheuse de mur ? Poser la question c'est y répondre !

Autre grande question: J'apporte mon matériel photo ou pas ? L'idée me tente, mais, mon sac à dos est encombrant, lourd et si l’on refuse de me laisser prendre quelques photos, je vais être prise avec. Quitte bien sûr à la laisser au vestiaire.

J'hésite quand même jusqu'à la dernière minute avant de l'apporter. C'est ma première visite à la place des arts, un concert de l'OSM à presque 70$ le billet. Je me dis que "Non" étant une phrase complète si l’on refuse. Alors qu'est-ce que j'ai à perdre d'apporter mon matériel? Rien.

Je pars avec un peu d'avance, sachant par expérience que je vais devoir discuter avec un minimum de trois personnes avant d'avoir une réponse. Hiérarchie oblige.

Métro ligne verte, station place des arts... l'odeur du café en passant devant une brûlerie. Tout me plaît en prime, un guitariste. J'aime les musiciens dans le métro, et parfois, il y en a des très bons, et lui à la porte d'entrée de la place des arts, il était excellent. J'aurais aimé l'écouter un peu plus, mais je dois commencer mes négociations et je lui remets le reste de ma monnaie.

Je m'adresse au jeune homme qui est préposé à la porte, celui qui déchire les billets quand on entre. Je lui explique que je suis photographe de rue, freelancer. Que je suis à ma première visite à l'OSM et que j'aimerais faire une ou deux photos du spectacle, et bien sûr il me réfère à son superviseur.

Re-explication avec le Monsieur qui est devant moi.
Et il accepte sous certaines conditions qui sont:
1. Dès que la première note se joue, plus de photo.
2. Évidemment pas de flash.

Je lui propose d'aller m'installer derrière la salle, près de la console de son. Avant mon départ, j'ai consulté le plan de la salle, et cet endroit me semblait le plus approprié. Nous nous sommes bien entendus et j'obtiens la permission. Tout simple. Il s'agissait juste de demander.

Les conditions font partis des accords, si un accord est conclu, tenez-vous-en rigoureusement à ce qui a été entendu. Pas de niaisage. L'OSM est un orchestre de réputation international, la place des arts a accueilli les plus grands artistes... et ont vous donne fort gentiment la permission de réaliser des photos. N'allez pas vous tirer dans le pied !!

Je me dirige vers d'autres préposées à l'étage où je vais entrer, et après leur avoir parlé, elles vérifient auprès du superviseur si tout est ok et on me dirige à l'endroit convenu pour faire mes photos.

Je m'installe, prépare mon appareil. Il y a déjà quelques musiciens sur scène qui se dégourdissent les doigts, et je commence à prendre quelques clichés.

L'éclairage d'un orchestre symphonique, ce n’est pas un éclairage de scène de spectacle, avec des lumières de toutes sortes de couleurs.

L'éclairage est fait pour permettre aux artistes d'être vues du public et leur permettre de lire leurs partitions. Donc, éclairage du plafond, qui éclate sur les têtes, ils sont tous habillés en noir. Ça sera les hautes lumières éclatées, et les basses lumières bouchées, tout le contraire de ce qu'il doit être fait en photo. Ca fait parti du travail, on doit faire avec.



Je travaille à main levée, par question de trépied. J'ai mon objectif 70-200 mm avec stabilisateur, mon canon 5d... l'ISO élevé, f2.8 pour l'ouverture, et ma vitesse et à 1/60.

La particularité du défi, pas de profondeur de champ.La profondeur de champ est une zone de floue, avant et après le sujet sur lequel sera faite la mise au point. Cette zone a été applatit due à ma distance de la scène, et à l'ouverture de mon objectif qui est à son maximum. Donc, la zone de floue est presque collée à ma zone de netteté. Souvent juste un ou deux pas en avant permette de corriger un peu le problème, mais, comme je suis entourée de chaise roulante à l'arrière de la salle, je ne peux pas bougé sans déranger les mélomanes.

J'aurai donc cette notion en tête, que je travaille sur un 10 sous. Beau défi, j'aime ça me mettre dans des situations comme ça. C'est de cette façon que j'ai appris... en allant plus loin, en me mettant dans des situations difficiles pour qu'un jour, ça soit facile, peu importe les conditions

Et, ce jour est arrivé. Ça m'amène à la place des arts, conditions difficiles, et je suis prête.

Ceci dit: je fais donc des photos des musiciens, la salle se remplit, mes voisines en chaises roulantes parlent de planifier et d'acheter les billets pour la nouvelle saison, le technicien du son est en place. Et une courte présentation par les bénévoles de l'OSM, parlant de leur levée de fonds etc.

Ensuite musique - Ah ce n’est pas Nagano, c'est un autre chef, que ma voisine de droite à l'accent anglais charmant me présente comme le chef de L'OSQ. Monsieur Yoav Talmi. Je ne le connaissais pas lui... misère je viens de Québec.


Donc, le concert commence, je dépose mon appareil, et j'apprécie le moment. La pièce d'ouverture est pleine d'énergie, le deuxième mouvement beaucoup plus doux. Tout est enveloppant, relaxant... peut-être même un peu trop !

Ma voisine de gauche en chaise roulante émet un ZZZzzzzzZZZZ (ronflement). Je n'ose pas me tourner et la dévisager. La musique s'adoucit davantage et un autre ZZZZZZZZZZZ se fait entendre, mais inversèrent proportionnelle à la musique. Elle ronfle d'aplomb ! Là, j'avoue que je me suis dit: Est-ce que je lui donne un coup de coude ? Je souris à pleine dent, et j'opte pour la solution la plus élégante, je me penche et je fouille dans mon sac pour faire un peu de bruit. Heureusement, ça l'a réveillé dans un ZZZzzzZZZ. Elle a ri, moi aussi.

Ensuite entracte... et pour la deuxième partie, plus de ronflement.

Je me suis permis de faire quelques photos de l'ovation réservée au chef à la fin du concert.



J'ai ramassé mon matériel, et j'ai quitté l'endroit.

Beau moment, j'ai adoré l'expérience. Et je ne pourrai jamais assez vanter le chaleureux accueil du personnel de la place des arts, et de leur professionnalisme. Les grands ne feront jamais d'histoire. J'en ai eu la preuve. Les grandes organisations sont conscientes que de faire parler d'eux, jouent en leur faveur. Bravo et merci encore.